- auteur : Ipar Gorri
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Et la Culture ? |
ET LA CULTURE ?
Après les appels lancés par de nombreux artistes et intellectuels pour mettre la culture en débat dans les campagnes présidentielle et législative, il nous appartient, à nous, socialistes, résidant dans une circonscription rurale, de prendre position et de rappeler les nombreux enjeux que son développement représente : civilisationnel, social et économique... et de dire la déconsidération, le mépris subi par les secteurs culturels ces cinq dernières années.
Un service public de la Culture
Depuis la Libération et le programme du « Conseil National de la Résistance », la nation française est la seule au monde qui a permis un service public de la culture de se développer, libérant ainsi les artistes et leurs oeuvres des champs de la marchandisation. Au nom d’un des principe fondateur de la République « l’égalité des citoyens » il est apparu, très lentement mais sûrement aux localités que, pour le bien être, la cohésion, l’ouverture des esprits, la culture devait trouver sa place dans ces territoires. C’est pour cela que nous avons vu des médiathèques, des associations à but culturel, des artistes s’affirmer loin des grandes villes.
L’absence de culture a fortement pesé dans les économies locales lors des grèves des intermittents de l’été 2003 et l’annulation en cascade des petits et grands festivals ont démontré de façon prégnante, que le but non marchand d’une politique publique en matière de culture, favorise la vitalité économique des territoires. Depuis ces grèves l’association des maires de France soutient sans réserve le mouvement des intermittents.
Que s’est-il passé depuis cinq ans ?
En cinq ans de gouvernement Raffarin-Villepin-Sarkozy, les artistes, le public et les élus ont pu prendre toute la mesure de la politique culturelle de l’UMP. Le désengagement avoué de l’Etat dans le cadre d’un pseudo processus de décentralisation, a privé la population rurale de son soutien. Ce gouvernement a également réussi et c’est une première, à mettre l’immense majorité des artistes et des techniciens en grève pendant tout un été et à créer un vaste mouvement solidaire, contre lui.
La politique culturelle du « candidat » de l’UMP
Mais, projetons-nous courageusement dans la « France d’après » du candidat Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsi. Si celui-ci considère l’homme comme une marchandise ( « l’homme n’est pas une marchandise comme les autres », discours de St Etienne, automne 2006), la création humaine est forcément une valeur marchande.
Dans le programme de l’UMP, on apprend que le financement public de la culture est une pesanteur et doit se reporter vers le mécénat et le financement privé, comme dans le modèle anglo-saxon ! Cette politique encouragera, la spéculation sur les oeuvres d’art comme s’il s’agissait d’une vulgaire valeur boursière.
L’entreprise impose « son monde »
C’est aussi dire que les entreprises organiseront à la place des peuples les choix culturels et subordonneront les artistes à leur bon vouloir. Ce n’est plus l’artiste qui montrera le monde, comme sa vocation l’exige, mais l’entreprise qui imposera « son monde » en utilisant la force de travail du créateur. Si Monsieur Sarkozy devenait notre Président, les acteurs culturels, s’ils veulent subsister, devraient mettre en berne leur sens critique.
Verra-t-on un jour un créateur financé par l’entreprise Total, peindre l’horreur des plages mazoutées des Côtes Bretonnes ? Qu’en sera-t-il, alors, de la liberté d’expression ?
Concernant l’intermittence, le démantèlement, déjà bien avancé, de cette protection, conduirait les artistes à la course aux cachets, leur interdisant de créer librement en dehors des cadres institutionnels. La liberté d’expression et l’invention s’éteindraient davantage avec la disparition de ce statut.
Le protocole du MEDEF : 55 heures par an
Comme l’a voulu Jack Lang il y a 20 ans, l’UMP d’aujourd’hui dit souhaiter le développement de l’apprentissage des matières artistiques à l’école. C’est oublier, qu’après avoir donné son agrément au protocole du MEDEF, les artistes se voient fortement dissuadés de s’impliquer dans l’éducation des enfants au-delà de 55 heures par an !
Au Parti Socialiste nous réaffirmons que les oeuvres d’art ne doivent pas devenir les encarts publicitaires des entreprises.
- Que le financement public pour une culture populaire doit reprendre toute sa place.
- Que les artistes puissent dispenser leur savoir librement dans les écoles, dans tous les établissements d’enseignement.
- Qu’après le double échec des partenaires sociaux, nous soutenons la préconisation de Patrick Bloche, (responsable PS du comité de suivi des intermittents), de rendre par la loi, un régime pérenne pour les techniciens et les artistes du spectacle.
Pascal Clément contre les intermittents
Nous rappelons aux électeurs de la sixième circonscription que le ministre – député – président du conseil général Pascal Clément a refusé de soutenir le comité de suivi des intermittents à l’Assemblée Nationale.
Ce comité regroupait toutes les sensibilités de l’hémicycle, expérience unique depuis la libération. Ses membres avaient réussi à proposer de concert, une loi qui aurait permis de sortir de la crise par le haut. Bernard Accoyer, ami politique de Pascal Clément, a fait échouer la proposition de loi en utilisant misérablement un artifice de procédure.
Aujourd’hui, malgré tous les constats favorables aux intermittents,
ceux là restent en attente d’une solution.
Ipar Gorri
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